Le vrai motard ?
Publié : 15 mai 2010, 14:01
Caparaçonné dans son cuir, les cheveux collés sous le casque, les ongles noircis dans les gants, il est sale, sent vaguement l'essence et la sueur et fait peur aux caniches. Il salue les motards qu'il croise, tutoie ceux qui sont à l'arrêt, invite chez lui de parfaits inconnus qui fréquentent le même forum moto. Il sait ce qu'est une soupape, un piston, un carbu et peut expliquer la différence entre une transmission par chaîne, par courroie, par cascade de pignons ou par couple conique. Il connaît toutes les marques et tous les modèles de pneus, leur tendreté et leur longévité. Pour son anniversaire, si vous ne lui offrez pas des pots NH, un casque réplica ou kit dynojet, c'est que vous n'avez rien compris.
Il aime les tableaux de chasse et, très fier, exhibe sa collection de moucherons écrasés, réduits en une bouillie multicolore confite au soleil et étalée, au choix, sur la visière, le blouson, la bulle de la moto.
Son vocabulaire se limite souvent à quelques verbes : enrouler, arsouiller, attaquer, pourrir, enfumer, enrhumer ; quelques adjectifs : coupleux, puissant, anémique, poussif ; et quelques mots à la saveur guerrière : une tuerie, une bombe, une fusée ; ou agricole : un tracteur, un veau, un freinage de porc, comme un goret. Vocabulaire qu'il ne manque pas d'utiliser avec un maximum de mauvaise foi, faute de quoi il ne serait pas un vrai motard.
Exemple (version italienne) : je suis allé arsouiller avec un pote, j'ai attaqué comme un goret et je te l'ai pourri! Enrhumé, qu'il était! Ma bécane c'est une vraie tuerie, coupleuse comme un tracteur, pas comme son veau anémique en plastique.
Autre exemple (version japonaise) : on enroulait sauvage, et puis y'a Machin qui prétendait m'enfumer et qui a failli se mettre au tas sur un freinage de porc, avec son étron poussif. Faut dire que ma moto, c'est une fusée, elle est puissante à mourir.
Le motard aime raconter ses exploits, héros des temps modernes toujours prêt à déjouer les astuces vicieuses de la maréchaussée. A la fin d'une longue journée de balade, lorsqu'il descend quelques bières pour reconstituer ses forces, il n'est pas rare de l'entendre pérorer sur les capacités atomiques de sa monture, ce qui fait généralement rire son auditoire tout aussi motard que lui, qui sait très bien que 150 chevaux ne sont pas exploitable sur route ouverte ou qu'il est impossible de prendre 280 km/h avec une basique sans tête de fourche.
Le motard est joueur et il ne comprend pas pourquoi les ingénieurs des ponts et chaussées remuent ciel et (surtout) terre pour tracer des routes les plus droites possibles, alors que tout le monde sait que fun is not a straight line .
Pour lui, le monde est divisé en deux : les motards et les caisseux. Mais il fait une multitude de nuances au sein du monde motard (les japs, les ritales, les anglaises, les béhèmes, les traîne-couillon, les mono, les bi, les tri, les 4-pattes, les sport, les supersport, les hypersport...) et au sein du monde caisseux (un caisseu, un putain de caisseu, un caisseu en 2-roues, un scooteu...).
Ses pires ennemis sont précisément le caisseu, et le MIB (Man in Blue - Individu généralement caché derrière de larges jumelles à laser ou bien perché sur une béhème - le traitre).
Vous pouvez généralement insulter le motard, traîner son nom dans la boue et sa réputation dans la fange ; il ne vous entendra pas. Mais susurrez que sa moto est, au choix, un étron poussif / un 4-pattes anémique, et vous risquez de vous retrouver manu militari sur un billard dans une belle chambre d'hôpital (aseptisée, comme le moteur de tondeuse de sa japonaise en plastique).
Mais plus que tout, le motard est un amoureux. Regardez ses yeux pétiller devant l'objet mécanique de sa dévotion, et vous comprendrez. Il vous ferait presque pleurer tellement il est ému.
Et la motarde, dans tout ça?
Une motarde, en fait, c'est comme un motard mais qui aurait des seins.
La combi cuir moulante et la natte qui sort du casque ne doivent pas vous y tromper : après une arsouille avec ses potes, elle aussi fait peur aux caniches, sent la sueur et l'essence, est sale, a les ongles noircis dans les gants et les cheveux collés sous le casque.
La seule différence, c'est qu'elle, ça lui arrive de mettre des jupes et d'avoir l'air d'une femme. Une femme qui connaît tout de la distribution desmodromique et de l'embrayage à sec, mais une femme quand même. Si, si.
Il aime les tableaux de chasse et, très fier, exhibe sa collection de moucherons écrasés, réduits en une bouillie multicolore confite au soleil et étalée, au choix, sur la visière, le blouson, la bulle de la moto.
Son vocabulaire se limite souvent à quelques verbes : enrouler, arsouiller, attaquer, pourrir, enfumer, enrhumer ; quelques adjectifs : coupleux, puissant, anémique, poussif ; et quelques mots à la saveur guerrière : une tuerie, une bombe, une fusée ; ou agricole : un tracteur, un veau, un freinage de porc, comme un goret. Vocabulaire qu'il ne manque pas d'utiliser avec un maximum de mauvaise foi, faute de quoi il ne serait pas un vrai motard.
Exemple (version italienne) : je suis allé arsouiller avec un pote, j'ai attaqué comme un goret et je te l'ai pourri! Enrhumé, qu'il était! Ma bécane c'est une vraie tuerie, coupleuse comme un tracteur, pas comme son veau anémique en plastique.
Autre exemple (version japonaise) : on enroulait sauvage, et puis y'a Machin qui prétendait m'enfumer et qui a failli se mettre au tas sur un freinage de porc, avec son étron poussif. Faut dire que ma moto, c'est une fusée, elle est puissante à mourir.
Le motard aime raconter ses exploits, héros des temps modernes toujours prêt à déjouer les astuces vicieuses de la maréchaussée. A la fin d'une longue journée de balade, lorsqu'il descend quelques bières pour reconstituer ses forces, il n'est pas rare de l'entendre pérorer sur les capacités atomiques de sa monture, ce qui fait généralement rire son auditoire tout aussi motard que lui, qui sait très bien que 150 chevaux ne sont pas exploitable sur route ouverte ou qu'il est impossible de prendre 280 km/h avec une basique sans tête de fourche.
Le motard est joueur et il ne comprend pas pourquoi les ingénieurs des ponts et chaussées remuent ciel et (surtout) terre pour tracer des routes les plus droites possibles, alors que tout le monde sait que fun is not a straight line .
Pour lui, le monde est divisé en deux : les motards et les caisseux. Mais il fait une multitude de nuances au sein du monde motard (les japs, les ritales, les anglaises, les béhèmes, les traîne-couillon, les mono, les bi, les tri, les 4-pattes, les sport, les supersport, les hypersport...) et au sein du monde caisseux (un caisseu, un putain de caisseu, un caisseu en 2-roues, un scooteu...).
Ses pires ennemis sont précisément le caisseu, et le MIB (Man in Blue - Individu généralement caché derrière de larges jumelles à laser ou bien perché sur une béhème - le traitre).
Vous pouvez généralement insulter le motard, traîner son nom dans la boue et sa réputation dans la fange ; il ne vous entendra pas. Mais susurrez que sa moto est, au choix, un étron poussif / un 4-pattes anémique, et vous risquez de vous retrouver manu militari sur un billard dans une belle chambre d'hôpital (aseptisée, comme le moteur de tondeuse de sa japonaise en plastique).
Mais plus que tout, le motard est un amoureux. Regardez ses yeux pétiller devant l'objet mécanique de sa dévotion, et vous comprendrez. Il vous ferait presque pleurer tellement il est ému.
Et la motarde, dans tout ça?
Une motarde, en fait, c'est comme un motard mais qui aurait des seins.
La combi cuir moulante et la natte qui sort du casque ne doivent pas vous y tromper : après une arsouille avec ses potes, elle aussi fait peur aux caniches, sent la sueur et l'essence, est sale, a les ongles noircis dans les gants et les cheveux collés sous le casque.
La seule différence, c'est qu'elle, ça lui arrive de mettre des jupes et d'avoir l'air d'une femme. Une femme qui connaît tout de la distribution desmodromique et de l'embrayage à sec, mais une femme quand même. Si, si.