On parle de plus en plus de la Calibro 700 !
La presse internet italienne en dit plutôt du bien (par chauvinisme ?
) ; c'est au tour du Repaire des Motards de la tester.Le lien sur le test : http://www.lerepairedesmotards.com/essa ... ro-700.php
Et une petite copie du test pour les archives :
par Alexis Ferrant| 19.07.2024 à 08:00
Essai Moto Morini Calibro 700
Bicylindre en ligne de 693 cm3, 69 ch et 68 Nm, 200 kg à sec, 7.499 euros
Quand j’étais gamin, dans mon coin, un mec avait acheté une Aprilia Red Rose. Déjà à l’époque, pas grand monde ne connaissait cette moto ; un genre de chopper plutôt bien dessiné, quali, Harley aurait pu la designer. Le problème, c’est quand le gus la démarrait : Aprilia avait monté le monocylindre 125 des Futura ou RS, un petit deux-temps de 26 ch qui hurlait dans les tours et faisait des boooiiiinnngggg aigus au ralenti. Lui, avec son cuir à franges et son casque jet avec des peintures comme des tatouages, devenait aussitôt ridicule, garé sur la place centrale de Dieppe. Mon esprit, par un ressort malin dont il a le secret, a par la suite toujours associé les petits customs à cette image. Dans les années 90, ce genre de moto était rare en France, Harley ne vendait pas grand-chose, Indian avait disparu et les quelques customs japonais n’accrochaient quasi personne.
Les choses ont changé, mais mon cerveau, aligné sur la chronologie darwinienne, est resté là-bas. Dans les années 2000, la surenchère à la cylindrée a démarré : Honda VTX 1800, Kawasaki VN 2000, Suzuki VZ-R 1800, puis la Triumph Rocket 3 (2 294 cm3) et la Harley Milwaukee Eight 107 (1 746 cm3). Fallait que ça dégueule de couple, de chromes, de silencieux d’échappement infinis et de guidons aux courbes longues. La Yam’ 1700 V-Max a ajouté des bourrins. Puis ces dinosaures ont fait de petits œufs, des customs mid size (avec en star la Harley 883), qui n’ont parfois que l’allure et pourquoi pas. Un custom invite à la conduite cool, on se marre toujours à faire frotter les repose-pieds, les filles aiment leur look… Mais quelques paramètres restent essentiels, comme un minimum de couple, un son grave et une finition haut de gamme. Sinon, on rejoue le sketch de mon gus à la Red Rose.
Essai du cruiser Moto Morini Calibro 700
Or la Moto Morini Calibro prend, a priori, ce risque. Le parallel twin de la X-Cape, même augmenté de 50 cm3, n’a pas le profil idéal du moteur custom. Ses plans sont ceux de la Kawasaki ER-6, devenue Z 650. Peu connu pour son couple à mi-régimes, il n’a pas marqué non plus les mélomanes motocyclistes. La ligne en revanche colle aux codes, la finition aussi.
Découverte
Massimo Gustato, ingénieur responsable du R&D et Alessia Sugaris, responsable presse et marketing, nous accueillent ce mardi soir au centre de Pavie. Ici, l’été est installé depuis longtemps, il fait 28° à 22 heures, les lycéens fêtent leurs vacances sur les marches de l’église, la terrasse est bondée. La discussion se lance sur l’instabilité politique française, que les Italiens ne saisissent pas. Ils espèrent un retour au calme rapide, la France est l’un des marchés européens importants pour la Calibro, selon eux, avec l’Allemagne. Je leur demande si ce modèle était le plus important à sortir en ce moment. Massimo répond : “Nous devons permettre à nos concessionnaires de disposer d’une gamme aussi large que possible. Ce moteur était disponible, le groupe chinois Znen (Zhongneng Vehicle Group), auquel nous appartenons, l’achète à CFMoto. Nous avons estimé que c’était l’occasion, de manière assez simple, de nous placer sur ce créneau. Parce que de nombreuses nouveautés seront présentées au salon de Milan, tu comprendras mieux.”
Essai de la Moto Morini Calibro 700
Le lendemain matin, à Trivolzio, siège de Moto Morini Italie, Massimo nous accueille en costume. On fait le tour du show room, où trône la prochaine X-Cape 1200, avec son magnifique V2 1200, qui motorisait la Corsaro au début des années 2010. “Elle a toute l’électronique moderne, bien sûr, mais je t’assure que tu peux accélérer sur l’angle maxi sans qu’elle bronche, c’est incroyable ! Grâce à l’empattement, presque 1 600 mm et le bras oscillant long.” On passe aux bureaux d’étude, où Massimo s’épanouit. Une dizaine de personnes y travaillent, qui conçoivent les pièces mécaniques, produites ensuite en Chine. “Tout est dessiné ici, poursuit Massimo, seule la production est en Chine. Comme c’est le cas pour les Triumph 400 produites en Inde ou certains moteurs BMW en Chine.” Mais Moto Morini, comme Benelli, pâtit de l’adjectif “chinois”, plus que d’autres marques plus installées, qui sous-traitent en Chine. Comme de nombreuses marques automobiles aussi… On en vient au premier proto de la Calibro, où tout est ajustable : longueur du bras oscillant, positionnement du moteur dans le cadre, colonne de direction etc. “On a voulu une moto agile avec une position de conduite cool. Il fallait surtout que le comportement reste neutre, avec une assise basse.”
Le phare à LED de la Moto Morini Calibro 700
725 mm de hauteur de selle, difficile de faire mieux avant de passer du côté pocket bike. Les repose-pieds s’avancent sur le cadre, mais un kit permet de les placer une vingtaine de centimètres plus avant (avec biellettes pour le sélecteur et la pédale de frein, le berceau du cadre est déjà percé). Les débattements de suspension s’en trouvent d’autant plus réduits, 120 mm devant, 90 mm derrière (et non 100 comme l’affiche la fiche technique). La fourche renoue avec d’anciens codes, ni inversée ni réglable. Les deux amortisseurs Kayaba se règlent en précontrainte de ressort. L’empattement reste contenu, avec 1 490 mm. Mais les pneus Timsun paraissent énormes : 130 devant, en 18 pouces et 180 derrière, en 16 pouces. “Pour le look” sourit Massimo. Il assure que la maniabilité n’en souffre pas. Le reste de la moto fait appel à des solutions simples, cadre en acier à double berceau, simple frein à disque devant (320 mm), disque de 255 mm derrière…
La Moto Morini Calibro 700
Le twin calé à 180° a pris 44 cm3 par rapport au trail X-Cape 650 ou au roadster Seiemmezzo, par augmentation de la course du piston. Il développe 69 ch à 8 500 tr/min (dispo en A2) et 68 Nm de couple à 6 500 tr/min, le tout pour emmener 200 kg à sec, soit environ 225 kg tous pleins faits, avec une batterie. Il transmet la puissance à la roue arrière par une courroie crantée, détail important, car l’entretien en est facilité.
Le bicylindre en ligne de 693 cm3 de la Moto Morini Calibro 700
L’équipement est réduit à sa plus simple expression, avec un compteur rond pour le compte-tours, qui inclut une fenêtre LCD pour la vitesse, le rapport engagé et la jauge à essence. Il manque une horloge. Pas de modes moteur ni d’antipatinage, de toute façon inutiles ici.
Le compteur de la Moto Morini Calibro 700
Deux versions se déclinent autour de la Calibro : le cruiser avec selle passager (7 499 euros) et un bagger avec deux valises latérales de 19 litres (8 399 euros), mais pas de selle passager.
En selle
La finition flatte, l’assemblage est sérieux, les leviers de frein et d’embrayage font quali, comme la selle ou les jolies jantes à bâtons. La selle large laisse espérer un confort sympa, les pieds ne s’avancent pas trop et le guidon est à bonne hauteur. Les pieds bien au sol, je démarre le twin, dont la sonorité n’a pas changé, un peu métallique, pas très mélodieuse. Les commandes sont douces, sauf la boîte de vitesses, les deux motos à l’essai sont des pré-séries dont le rodage se termine tout juste. Je sais par expérience et on vous en parle très bientôt sur Le Repaire, que le moteur et la boîte s’adoucissent avec les kilomètres : j’ai en ce moment une X-Cape en test longue durée, objectif 20 000 km en six mois !
L'assise de la Calibro est accessible à tous les gabarits
En ville
La Calibro règne en ville. Massimo n’avait pas tort, le pneu avant de 130 ne gêne pas l’agilité de la moto, ni sa facilité aux demi-tours, avec son rayon de braquage réduit. La quiétude au guidon détend le trajet urbain, c’est la grande qualité de ce genre de bécane. Le twin cogne un peu sous les 2 500 tr/min, moins pourtant que le 650 de la X-Cape. Et puis on descend peu sous ce régime. Au-delà, il se fait rond dans les mi-régimes, sans réelle pêche avant 6 000 tr/min. Le point mort n’est pas toujours facile à trouver, encore une fois, la boîte doit se roder. Mais elle n’est pas d’une précision parfaite.
La Calibro s'adapte bien aux évolutions urbaines, même avec son gros pneu avant
Sinon, un peu mesquin de ne pas avoir l’heure au tableau de bord.
Autoroutes et voies rapides
Sortis de la zone industrielle de Trivolzio, nous avons bifurqué quasi aussitôt vers les petites routes lombardes et défoncées. Pour une trentaine de kilomètres d’essai, Moto Morini insistait sur la présentation type “prise de contact” de ces pré-séries de Calibro. Pas d’autoroute donc, mais on se doute que l’Italienne ne ronronne pas au rythme du potatoe américain, calé à 2 000 tr/min à 110 km/h. Le parallel twin plus énervé, moins grommelant, doit pointer aux alentours des 6 000 tr/min à 130 km/h. Régime où les vibrations se font clairement sentir.
A 6.000 tr/min, les twin de la Calibro fait bien sentir ses vibrations
Départementales
Les routes étroites manquent souvent d’entretien, terrain idéal pour juger du confort de la Calibro. Et c’est surprenant d’aisance, de moelleux de selle, de progressivité des suspensions, je n’y aurais pas cru. L’une des premières qualités qu’on attend d’un petit cruiser, c’est ça, ne pas se faire démonter les vertèbres, enrouler sur le couple. Bon, ledit couple va se chercher un peu haut dans le compte-tours, souci de ce genre de twin calé à 180° et conçu pour un roadster. Caractère qu’on retrouve évidemment sur la Kawa Vulcan 650, concurrente directe de la Calibro. Une Royal Enfield Shotgun 650 fait mieux à ce chapitre, avec ses pulsations moins heurtées, plus feutrées. Pire, la Calibro vibre beaucoup entre 4 000 et 6 500 tr/min, régimes idéaux pour ce genre de moto. “C’est parce que le moteur n’est pas monté sur silent-blocs” me confiera plus tard Massimo. Un choix qui ne semblait pas être le sien. On peut espérer que des améliorations seront portées aux modèles de série.
Le cruiser se montre plutôt confortable sur les routes italiennes en piteux état
Le cruiser se montre plutôt confortable sur les routes italiennes en piteux état
Parce que question comportement, belle surprise encore, les pneus larges Timsun ne s’opposent ni aux angles maxi qu’autorisent les repose-pieds (forcément limités) ni aux enchaînements de virages un peu vifs. Là aussi, les suspattes font le taf. Le moteur prend des tours, mais ce n’est pas l’esprit de la Calibro. Il donne plus de rondeur que le 650 de la X-Cape, pas assez encore pour un cruiser.
La Calibro offre même une bonne agilité pour le segment
Partie-cycle
L’équilibre est parfait, avec un centre de gravité bas, une longueur contenue (1 490 mm d’empattement), des suspensions suffisamment progressives et des pneus Timsun de bon niveau. Reste à voir leur adhérence sur le mouillé.
L'amortisseur arrière de la Moto Morini Calibro 700
Confort/duo
Pas de duo sur si peu de kilomètres, mais un confort déjà souligné, tant en position de conduite que de selle ou de suspensions. Nous n’avons pas pu essayer la version avec les repose-pieds plus reculés.
La selle de la Moto Morini Calibro 700
Freinage
Le simple disque avant, de 320 mm, manque de progressivité et de puissance en fin de course. Pas question de freiner comme une sportive, mais de stopper rapidement la moto en cas de freinage d’urgence. Or il manque de la puissance pour vraiment arrêter la moto dans cette situation. Arrivé un peu vite derrière une voiture, j’ai été surpris et ai dû tirer fort sur le levier avant. L’arrière est progressif, il ne faut pas hésiter à s’en servir.
Le frein avant de la Moto Morini Calibro 700
Consommation
Aucune conso n’a pu être calculée en trente kilomètres.
L'essai vidéo de la Moto Morini Calibro
Conclusion
La Calibro ne rejoue pas le coup de l’Aprilia Red Rose, ouf… Mais ce n’est pas encore le moteur adéquat pour un cruiser. Le 650 de la Royal Enfield Shotgun fait mieux en matière de douceur, avec pourtant moins de chevaux (47 contre 69 pour la Calibro). Si vous êtes du genre (rare) à aimer les petits twins énervés et à bousculer le custom, alors la Moto Morini saura vous en coller plein le jet et le cuir, marrante entre 6 000 et 9 000 tr/min. Étincelles au sol garanties. Placée niveau tarif, quasi au même prix qu’une Honda CMX500 Rebel moins fun, qu’une Royal Enfield plus valorisante, mais moins puissante, mieux qu’une Kawasaki Vulcan 650, la Calibro n’a rien d’absurde. Un frein avant plus puissant et moins de vibrations moteur et là, ça sent carrément le bon coup. Avec l'heure au tableau de bord, tant qu’on y est. On l’attend aussi en gris V2, avec le moteur de la prochaine X-Cape 1200.
La Moto Morini Calibro 700 est vendue à partir de 7.499 euros
Points forts
Confort de selle et suspension
Comportement sain
Tarif
Finition
Points faibles
Frein avant pas assez progressif et puissant en fin de course
Vibrations moteur
La fiche technique de la Moto Morini Calibro
Conditions d’essais
Itinéraire : 30 km, routes sinueuses
Météo : soleil, 28°C à 32°C
Problème rencontré : ras
Equipements de série
ABS
Prise USB
Disponibilité / prix
Coloris Calibro : Rouge, gris
Prix Calibro : 7.499 euros
Coloris Bagger : Noir
Prix Bagger : 8.399 euros
